Liszt contre Flaubert

Publié le par Yves-André Samère

Au rayon des livres sur la musique, à la FNAC, je viens de voir la biographie de Frédéric Chopin, écrite par Franz Liszt – en français, s’il vous plaît, puisque notre langue était, au dix-neuvième siècle, la langue internationale par excellence. Je tiens à féliciter l’éditeur qui a eu le courage de publier ce pensum, aussi léger qu’un pudding de Noël ou un film de Dany Boon.

L’année de mes dix-huit ans, l’aînée de mes tantes du côté maternel m’avait offert ce livre, car tout le monde autour de moi savait que je vénérais Chopin. Elle ne l’avait pas acheté à mon intention, non ; il était tout simplement dans sa bibliothèque, et je la soupçonne (ma tante, pas la bibliothèque) de ne l’avoir jamais lu. C’est en effet, et tout simplement, rédigé en style plus académique encore que tous les discours de réception sous la Coupole, le livre le plus ennuyeux que j’aie jamais lu, pire que le Salammbô de Gustave Flaubert ou que l’annuaire du téléphone de la ville de Paris (et encore ! Il m’arrive parfois de feuilleter l’annuaire du téléphone de la ville de Paris ; Flaubert ou Liszt, jamais).

La lutte entre Liszt et moi fut acharnée, mais je suis fier de dire que je fus le vainqueur : le compositeur hongrois ne parvint jamais à me faire plier, puisque je lus son opuscule jusqu’à la dernière ligne. Certes, cela me prit quelques semaines, mais j’en vins à bout, et je crois que ce fut l’exploit le plus extraordinaire que j’ai accompli de toute ma vie.

(En fait, il y en eut un autre, d’exploit extraordinaire, mais jamais je ne le raconterai, je n’ai pas envie d’être ridicule. « Une fois de plus », ajouteraient mes bons amis)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

J
Pour ma part, je vais sûrement bientôt commencer la lecture de la Condition humaine. Au passage, votre autre exploit extraordinaire a-t-il un rapport avec la mère de dieu?
Répondre
Y
Dans ma mesure où Dieu a pu avoir une mère, oui, il y a un rapport étroit, et je l’ai raconté (en rougissant de honte).