Myopes devant l’esclavage

Curieux : les Noirs des États-Unis descendent des esclaves importés d’Afrique, nul ne l’ignore. Or ces esclaves ont été achetés, non point par quelque despote barbare de l’Antiquité, mais par d’honorables propriétaires qui ne manquaient jamais un office religieux le dimanche ; ce qui ne les empêchait pas, en semaine, d’approuver voire de subventionner le « commerce triangulaire », autrement dit le trafic d’esclaves, entre les côtes de l’Amérique du Nord, celles de l’Afrique de l’Ouest et les ports européens. Et j’ai lu d’autre part que l’illustre George Washington était lui-même l’un de ces gros propriétaires terriens, possesseur d’une bonne centaine d’esclaves, dont il avait prévu par testament qu’ils seraient affranchis, et donc libérés, certes, mais... après sa mort ! Il comptait donc profiter de leur travail pour le reste de sa vie à lui.

C’est curieux, oui, cette indifférence des religions à l’égard de cette atrocité qu’était l’esclavage. Lecteurs attentifs qui lisez la Bible tous les jours, je vous supplie de me dénicher dans les propos de Jésus le moindre passage où il condamne l’esclavage. Pourtant, des esclaves, il en voyait tous les jours, en Palestine, colonie romaine. Il en a même guéri un, par l’un de ses fameux miracles ! Mais l’injustice de leur situation ne l’a pas frappé. Jésus était peut-être myope, c’est la seule explication.