« On a toujours fait comme ça »

Publié le par Yves-André Samère

Très tôt, cette expression, « On l’a toujours fait » (sous-entendu : pourquoi, dans ce cas, ne pas continuer ?), m’a flanqué de l’urticaire. Et c’est peu avant mes six ans que j’ai décidé de ne plus souhaiter une bonne année à mes parents. Naturellement, cela m’a valu, les deux ou trois années suivantes, une solide raclée de la part de mon père chaque 1er janvier, mais ce cérémonial inaugural a fini par le fatiguer. Et tout aussi naturellement, j’ai persisté. Je ne voyais pas pourquoi je n’aurais pas dû avoir un avis sur cette question et quelques autres.

Mais tout le monde ne voit pas les choses du même œil que votre (très humble) serviteur. Je le comprends très bien. Voyez : au Moyen-Âge, par exemple, lorsque quelqu’un était accusé d’un méfait, on lui trempait la main dans l’huile bouillante. Comme Dieu voyait tout, s’il savait que l’homme était innocent, le procédé ne brûlait pas le moins du monde la main tout aussi innocente. Dès lors, pourquoi n’avoir pas continué ? Et les sorcières ? Sur la moindre dénonciation, on les attachait sur un bûcher auquel on mettait le feu. Ce n’était pas si mal, on aurait dû conserver la coutume, un beau feu de joie, ça égaye tout le monde.

Et l’Afrique ? Certains pays continuent d’exciser les petites filles, Égypte, Côte d’Ivoire... J’ai retrouvé dans mes archives une interview qu’avait donné à je ne sais quel journal un dénommé Julien Bokandé, footballeur à Nice, qu’un journaliste avait cru bon d’interroger à propos de cette charmante coutume de l’excision qu’on faisait subir aux petites filles de son pays, bien sûr sans la moindre anesthésie. Réponse de l’individu qui pense avec ses pieds, et dont je garantis l’absolue authenticité (de la réponse, pas des pieds) : l’excision ? « On pratique ça dans mon village. Je trouve que c’est tout à fait normal... Il y a une grande fête pour l’occasion, on va à la mer. C’est sympa... On dit qu’une femme excisée est plus fidèle parce qu’elle ne ressent pas l’envie de faire l’amour. Alors les hommes préfèrent les filles excisées pour se marier… ». Puisque c’était sympa, on a bien fait de continuer, vous ne trouvez pas ?

Et l’Inde ? Lorsque mourait un homme riche, on faisait monter sur le bûcher funéraire sa veuve et ses serviteurs. L’Inde souffrait déjà de surpopulation, n’était-ce pas le remède idéal ?

Et comme on regrette que les Siciliens ne pratiquent plus le crime passionnel ! Résultat, les maris trompés y sont désormais aussi nombreux qu’ailleurs. Navrant...

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