Pauvreté-sic de l’Église - 1

Publié le par Yves-André Samère

Certes, certes, le pape actuel multiplie les gestes qui étayent sa réputation d’homme compatissant et soucieux du petit peuple, et on n’aura pas ici le culot de douter de sa sincérité. Ainsi, nous avons appris ce matin qu’il déléguait ses envoyés pour distribuer aux sans-abri de la gare Termini, à Rome, une enveloppe contenant... une image pieuse, ce qui ne mange pas de pain, mais surtout un billet de cinquante euros. Bravo ! Qu’il continue...

Néanmoins, on se permettra de dire qu’il en a les moyens, et qu’il est loin de vider ainsi les coffres du Vatican. Car l’Église est riche. Très riche. Très-très riche ! Et faire croire que l’enseignement de Jésus reposant sur le culte de la pauvreté est appliqué par la hiérarchie qui se réclame de lui, c’est une imposture et une bouffonnerie. Voyez plutôt comment vivent les cardinaux en poste à Rome : tous habitent dans des palais (le pape s’est mis en colère contre les sept cents mètres carrés que le cardinal Tarcisio Bertone se fait aménager au palais Saint-Charles, qui accueille les dignitaires de l’Église, lui qui se contente de dix fois moins dans un hôtel-résidence du Vatican), roulent en Mercedes, déjeunent et dînent dans les meilleurs restaurants, ne voyagent qu’en première, fréquentent l’aristocratie et s’offrent des vêtements de luxe fabriqués par les meilleurs stylistes (le record est détenu par Benoît XVI, seul ex-pape, qui consacrait des fortunes à sa vêture, peu semblable à celle dont Jésus parlait à propos des oiseaux). Et je ne dis rien, pour le moment, des propriétés foncières de l’Église catholique et de son poids en Bourse.

Et puis, l’Église catholique a su se débrouiller, notamment quand elle a influencé la législation de certains pays dans lesquels, non seulement elle évite l’impôt, mais a incité l’État à percevoir un impôt à son profit à elle. Le plus bel exemple et le plus voyant, c’est l’Allemagne.

En Allemagne, les citoyens sont OBLIGÉS de payer la Kirchensteuer (le denier de l’Église). Cette obligation a d’abord été inspirée par la Constitution de Weimer, en 1919, et confirmée par le pacte entre Hitler et le Vatican, dans leur Concordat de 1933. Cette Kirchensteuer a été introduite dans la Constitution allemande en 1949, donc après la Deuxième Guerre Mondiale, par les démocrates chrétiens, c’est-à-dire le parti catholique, alors même que la population était réticente. Ainsi, l’administration a été mise à la disposition de l’Église, selon un processus d’une simplicité naturellement évangélique : le gouvernement prélève l’impôt directement sur les salaires (en se fondant, jusqu’en janvier 2011, sur la Lohnsteuerkarte, une carte utilisée aussi pour retenir les prélèvements pour les retraites, et qui regroupait le statut matrimonial, le nombre d’enfants et la religion de son titulaire, cette carte devant être remise à l’employeur par son possesseur), puis le gouvernement reverse à l’Église l’argent prélevé. Avant la Deuxième Guerre Mondiale, les citoyens allemands payaient en moyenne deux ou trois marks par an. En 1972, le montant a atteint entre cinquante-cinq et soixante marks. Si bien que le Vatican en reçoit actuellement 350 millions de dollars environ par an.

Et ne disons rien des autres avantages financiers, résultant de l’infiltration habile des géants de l’industrie. C’est d’ailleurs pareil en Italie et aux États-Unis, ainsi qu’en Espagne, via l’activisme, très favorisé sous Franco, de l’Opus Dei – « la sainte mafia », comme on la surnomme.

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