Quand une horreur chasse les autres

Publié le par Yves-André Samère

Sarkozy qui suspend pour deux jours sa campagne électorale, les principaux candidats (sauf Marine Le Pen, stupéfiant, non ?) qui se rendent à Toulouse où a eu lieu l’attentat contre une école juive, Canal Plus qui supprime les génériques de ses rubriques et la musique guillerette de la météo, le Petit Journal remplacé par un best of, France Inter qui zappe le spot lourdingue et interminable des deux rigolos Mauduit et Collin, tout ça est bel et bon, et assez normal. Quel dommage qu’on n’ait pas aussi décidé de renoncer au déluge de clichés qui accompagnent tout évènement tragique : horreur, état de choc, redoubler de vigilance (sans blague ?), et autres banalités qui ne mangent pas de pain et n’ont plus aucun effet depuis longtemps. Passons sur les supputations à propos des motifs et de la personnalité du tueur, dont à ce jour on ne sait RIEN.

Quel dommage aussi que cette tragique actualité masque toutes les autres horreurs, quotidiennes pourtant, qui endeuillent la planète : on ne massacre donc plus la population, en Syrie ? Et tenez, ceci : au Tibet, vingt-sept jeunes se sont immolés par le feu pour protester contre l’occupation chinoise, dont une mère de quatre enfants. L’un d’eux de ces martyrs volontaires, Lobsang Kunchok, 18 ans, a survécu, mais il n’a plus ni bras ni jambes. À l’hôpital où il se trouve, le personnel l’accuse d’être un criminel ou un terroriste, et le frappe. Quant à sa famille, elle n’a pas été autorisée à lui rendre visite. Or on n’a vu ou entendu cette nouvelle quasiment nulle part, sauf dans une tribune libre que l’ancien Premier ministre du gouvernement tibétain en exil a publiée dans « Le Figaro » hier.

L’horreur ne se met jamais en congé, elle.

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