Renaissance du stakhanovisme
Le stakhanovisme désigne ce type d’exploit professionnel consistant à surpasser les normes au-delà de toute mesure, et qui fut un élément de la propagande soviétique au temps de Staline. Ce mot vient d’un nom propre, celui d’un mineur, Alekseï Stakhanov : on raconta que, dans la nuit du 30 au 31 août 1935, il aurait extrait 102 tonnes de charbon en six heures... quatorze fois plus que la moyenne exigée de chaque mineur !
Naturellement, c’était un bobard décidé par le gouvernement stalinien. Il s’agissait de donner un modèle aux autres ouvriers pour les inciter à travailler davantage. Il y eut ainsi la carotte et le bâton. La carotte : être mieux nourri et mieux payé (donc travailler plus pour gagner plus, et on voit où Sarkozy a pris son inspiration). Le bâton : la peine de mort pour vol de la propriété collective, et le licenciement immédiat en cas d’absence !
Le bobard était aussi à usage externe, destiné à montrer aux étrangers l’efficacité du régime communiste. Beaucoup y crurent, et je ne nomme personne pour ne pas faire de peine aux admirateurs de Sartre, s’il en reste...
Et comme l’Histoire est un éternel recommencement, il s’avère que la Russie actuelle tend à remettre à la mode ce thème qu’on croyait tombé dans les poubelles du ridicule, puisque Poutine vient de décider que cinq catégories de métier honoreront leurs travailleurs, à la fin d’un concours national qui s’achèvera en décembre. Le nouveau tsar a énuméré la liste des récompenses : 300 000 roubles (environ 7700 euros) pour le gagnant, 200 000 pour le deuxième, 100 000 pour le troisième.
Pas de quoi se faire naturaliser russe, soit dit en passant : 15 400 euros en tout, ce n’est même pas le prix d’une montre digne de Séguéla ou de Julien Dray. Il est un peu pingre, Poutine.