Vinyle contre CD
On nous assure que les disques en vinyle reviennent à la mode, et surtout chez les plus jeunes, ceux qui n’étaient pas nés quand le Compact Disc (le CD) l’a détrôné. Surprenant, ce retour en arrière. Car enfin, il est tout à fait faux que la qualité sonore d’un disque vinyle soit supérieure à celle d’un CD ! Cette affirmation relève de la nostalgie, voire du passéisme, et elle est infondée, puisque la qualité d’un enregistrement ne réside pas dans le support final du son, mais dans le matériel et les procédés d’enregistrement, qui n’ont changé que dans le sens d’une amélioration (le CD ne s’est généralisé qu’après 1980). Donc, cette mode est purement subjective. En fait, tout individu qui a possédé des disques vinyle sait bien que ces trucs étaient abominablement éphémères : au bout d’une demi-douzaine de passages, ils avaient pris tant de poussières et tant d’éraflures que les écouter tournait à l’épreuve. On finissait par les mettre au rencart et ne plus les passer... Mais il faut bien donner aux foules le pittoresque qu’elles réclament, cette variante du « Il faut faire rêver le public » dont se réclament les gens de télé et les journalistes de la presse de caniveau.
Moyennant quoi, on sort les arguments les plus farfelus, voire les plus malhonnêtes, pour affirmer la supériorité imaginaire du disque vinyle. Ainsi, hier soir, j’ai entendu sur Canal Plus un quidam qui prétendait comme évident que « Le CD est bien supérieur au MP3 ». C’est ce qui s’appelle mélanger les torchons et les soviets, car le CD est un support matériel pour les enregistrements (sonores et autres), alors que le MP3 est une méthode de compression numérique des enregistrements sonores, qui d’ailleurs ne sert JAMAIS à fabriquer les CD du commerce. Pour les novices, délabyrinthons.
Lorsque vous enregistrez une musique dans un studio, elle est captée par des micros et copiée sur une bande magnétique, qui ensuite, et je saute quelques étapes, servira à fabriquer un disque (vinyle ou CD, c’est la même filière au départ). Sur ces disques, on grave quasiment la totalité de ce qu’ont capté les micros – quoique, à dire vrai, la qualité du CD sera moins bonne que celle de l’enregistrement, dite « qualité studio ». Le résultat est donc un enregistrement non compressé, qui tient beaucoup de place, d’où la capacité limitée des disques, quels qu’ils soient. Sur les disques du commerce, c’est environ 730 mégaoctets.
Mais lorsqu’on a inventé les baladeurs numériques (les walkmen) ultralégers, dont certains mesurent moins de dix centimètres et ne pèsent que quelques grammes, pas question de fourrer une telle quantité de données dans leur mémoire, si bien que, leur capacité étant trop faible, ils auraient servi à peu de choses. On a donc utilisé les méthodes permettant de réduire la taille desdites données, en les compressant. Pratiquement (pas seulement, mais je simplifie), cela consiste à éliminer les fréquences sonores que l’oreille n’entend pas, ou même qui n’intéressent pas l’auditeur, comme lors des enregistrements de voix humaines, lesquelles n’utilisent ni les fréquences très basses ni les fréquences élevées. En clair, la voix de quelqu’un qui parle (je ne vise pas les chanteuses lyriques, à la tessiture plus étendue) est cantonnée entre 100 Hertz et 800 Hertz, donc il est inutile de conserver ce qui dépasse en haut ou en bas ; alors que la musique classique instrumentale varie entre 20 Hz (27,5 pour le la grave du piano, mais l’orgue peut descendre plus bas) et plus de 20 000 Hz. En somme, un enregistrement non compressé garde tout et convient aux mélomanes, un enregistrement compressé garde seulement ce qui est utile.
Il existe plusieurs méthodes de compression, la meilleure étant le procédé Ogg-Vorbis, mais, malheureusement, le public l’a négligé par ignorance, et a préféré le MP3, qui est moins bon et moins efficace, puisqu’il occupe plus de place avec le même morceau. Si bien qu’aujourd’hui, une foule de gens croient qu’il n’existe que le MP3, lequel est ainsi devenu synonyme de musique pour walkmen et pour Internet, puisque toutes les radios mettent en podcasts leurs émissions en MP3, au taux de 128 Ko/s qui ne convient que pour la parole, mais pas pour la musique.
Enfin, même le MP3 peut donner des résultats très divers, selon le taux de compression qu’a choisi l’utilisateur. Le principe de choix est simple : plus vous gagnez de place, moins le son est bon ! Si vous désirez en savoir davantage, consultez ce site, qui fournit toutes les précisions utiles, très claires et en français :