Churchill contre De Gaulle

Publié le par Yves-André Samère

Le sport national, en ce moment, consiste à tirer à vue sur Nadine Morano. Je ne dis pas que sa sottise sur la France, pays de race blanche, méritait un meilleur traitement, mais, ce qui est curieux, c’est la stratégie que chacun adopte pour la traîner dans la boue. Cela consiste à laisser entendre que sa citation sur De Gaulle prédisant que, si on admet trop d’arabo-musulmans en France, son village devra être rebaptisé « Colombey-les-Deux-Mosquées » (citation incomplète, il en a dit bien d’autres), serait apocryphe ; autrement dit, qu’Alain Peyrefitte aurait tout inventé.

Ben voyons...

Peyrefitte, cousin de l’écrivain, était un des plus chauds partisans de De Gaulle, il a été son ministre de l’Information (si-si, ça existait, au temps de De Gaulle), et on comprend mal pourquoi il aurait imaginé cette calomnie, si c’en était une. En outre, les bons apôtres qui accablent cette pauvre Nadine oublient les autres antipathies de Mongénéral : il méprisait AUSSI les Juifs – il disait « les youpins », c’est tellement plus élégant – et les Noirs – il disait « les Nègres », c’est tellement plus bananiesque. Également, j’ai donné la citation de son apostrophe à Philippe Marçais, député d’Alger : « Dites, Marçais, vous donneriez, vous, votre fille à un Arabe ? ».

Il n’y a guère de raison pour mettre sur un piédestal un homme politique plutôt qu’un autre, et le plus grand homme politique du vingtième siècle, ce n’est pas De Gaulle comme le croient ces vaniteux de Français, mais Churchill. Et un peu aussi du dix-neuvième siècle, car il a débuté dans la politique en devenant membre du Parlement à vingt-six ans, en 1900 – année qui est, je vous le rappelle, non pas la première du vingtième siècle, mais la dernière du dix-neuvième. Ouf, de justesse ! Et non seulement Churchill a fait la carrière ébouriffante que l’on sait, combien plus longue que celle de De Gaulle, mais, lorsque son parti a perdu les élections en 1945, il n’a tenté aucun coup d’État pour revenir au pouvoir, contrairement à De Gaulle en 1958. Et s’il est redevenu Premier ministre pour quatre ans en 1951, c’est à la suite d’élections tout à fait régulières.

Et puis, Winston Churchill est, à ma connaissance, le seul homme d’État ayant eu un Prix Nobel de littérature ! C’était en 1953, pour ses livres sur la guerre. Mais pas pour son seul roman Savrola, publié à vingt-cinq ans, que j’avais été un des rares Français à avoir lu, bien avant qu’il soit publié chez nous en 2011 – il avait été traduit en français, mais... en Suisse.

Soit en passant, De Gaulle haïssait Churchill. Normal, il lui devait tout. Mais je vous raconterai cela un autre jour.

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