Mythes et mystifications

Publié le par Yves-André Samère

Je m’intéresse assez aux croyances ridicules, comme en témoigne ma fâcheuse tendance à parler de la Bible en particulier et des religions en général – ce que certains, agacés, estiment tenir de l’obsession, or pas du tout : comme je ne mens jamais (entre les repas), je n’aime pas non plus qu’on me mente, et donc, j’ai une petite préférence pour la vérité, voilà tout.

Parmi les croyances infondées, je relève deux catégories – il en existe d’autres –, voisines mais pas tant que ça : les mythes et les mystifications. Point commun, ils popularisent des contre-vérités dont on se passerait bien. Différence : l’individu à l’origine d’un mythe CROIT à ce qu’il raconte, il cherche rarement à tromper son monde ; alors que le mystificateur est conscient qu’il se moque d’autrui, et il compte bien en tirer un profit.

Pour une fois, cherchant un exemple de mythe, je ne vais pas vous bassiner de nouveau avec la religion, je rappellerai plutôt cet exemple que j’ai déjà donné de la Lune rousse, une spécialité campagnarde qui a embelli durant des siècles notre folklore. Magnifique contresens, où la conséquence était prise pour la cause. Quant à la mystification, sans remonter jusqu’à ce professionnel qu’était Phineas Taylor Barnum (il a pour ainsi dire inventé la publicité), rappelons le canular hilarant concocté par Roland Dorgelès et ses copains, qui avaient fait peindre un tableau... par un âne, et avaient exposé le chef-d’œuvre asinien au Salon des Indépendants en 1910. Énorme succès, la toile est aujourd’hui dans un musée.

Ne croyez pas que les croyances absurdes dont je parle sont rares, sous prétexte que nous vivons dans une ère où tout le monde est devenu intelligent et cultivé, merde quoi. De faux médicaments continuent de tuer des innocents ; de faux hommes politiques continuent de voler la collectivité (et se fabriquent une virginité en montant des campagnes de publicité indécentes, par exemple sur une collecte de pièces jaunes) ; de faux réalisateurs de cinéma parviennent à duper tout le monde, y compris chez leurs confrères, et à remporter une Palme d’Or à Cannes ou un Oscar à Hollywood ; de faux humoristes roulent des milliers de spectateurs en leur servant de la propagande nazie dans laquelle ces gogos ne voient que de la révolte contre « le système » ; de faux provinciaux ayant toujours vécu à Paris mais s’étant fait élire maires en province vitupèrent le parisianisme dans leurs campagnes électorales, à l’issue de laquelle ils continueront de vivre dans le septième arrondissement (voyez Mitterrand, élu de Château-Chinon, où il n’habitait pas puisqu’il y descendait à l’hôtel une fois par semaine – son vrai domicile, c’était à Paris, au 4 rue Guynemer, au-dessus du Jardin du Luxembourg), voyez Michel Debré, maire d’Amboise et... député de la Réunion – où bien sûr, croyez-le, il se rendait un jour sur deux. Tous ceux-là sont des mystificateurs conscients, et moins drôles que Dorgelès ! Mais, au bout du compte, ce sont tous des menteurs. Et qui se préoccupe de les dénoncer ? Pas l’État, en tout cas, il a démissionné depuis longtemps, même s’il prétend s’occuper d’Éducation nationale. Sic.

Au fait, relisez donc CECI, que j’avais rédigé il y a presque quatre ans, et qui est de plus en plus vrai. Comme quoi, prêcher dans le désert, c’est quasiment une activité à plein temps.

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