Gbagbo battu ? Jamais !

Publié le par Yves-André Samère

Il faut être neuneu comme un journaliste français pour se demander, comme je l’ai entendu aujourd’hui, ce que fera le président de Côte d’Ivoire en cas d’échec. Candidat à sa réélection, Laurent Gbagbo se présentait en effet à l’élection présidentielle, aujourd’hui, pour le premier tour. De ses douze adversaires, seuls deux ont quelque chance de gagner, Henri Konan Bédié et Allassane Ouattara. Bédié fut le président (désigné par son prédécesseur Félix Houphouët-Boigny, ce qui lui épargna les aléas d’une élection régulière) à partir de 1995, mais il fut renversé par un général qui prit sa place. Et, en 2000, Laurent Gbagbo fut élu, s’arrangeant ensuite pour qu’aucune autre élection ne permît son remplacement, via un processus bien rodé : clamer qu’il y a eu fraude électorale de la part de ses adversaires, et annuler tout ! J’ai déjà expliqué à quel point la moralité publique peut être élastique, en Côte d’Ivoire.

Un journaliste téméraire a d’ailleurs posé la question à Gbagbo : que ferez-vous si vous êtes battu ? Réponse, claire comme de l’eau de roche : je ne compte pas faire de confidences sur mes intentions ! L’idée stupide de promettre qu’il respectera la volonté du peuple ne lui vient évidemment pas à l’idée, on pourrait croire qu’il a changé.

Rappelons que Gbagbo, lorsqu’il se sent menacé, sort son arme secrète : les Jeunes Patriotes. Il s’agit d'un groupe (nombreux, et bien payé) de loubards, chargés de tout casser, donc d’effrayer la population, ce qui permet ensuite au président de se poser en garant de l’ordre public – un truc qui marche à tous les coups, et pas seulement en Côte d’Ivoire... Il n’a pas inventé le procédé, car ceux qui connaissent le pays se souviennent que Félix Houphouët-Boigny avait, lui aussi, reçu en public une meute qui s’intitulait elle-même « Les Loubards de... » (je ne sais plus quel quartier abidjanais, Yopougon, je crois), et que la chose avait été rapportée pieusement par la télévision nationale, jamais consciente qu’elle montait en épingle des énormités que partout ailleurs on se serait empressé de dissimuler. Les Loubards d’Houphouët, eux, se chargeaient de mettre à sac les locaux de l’Université d’Abidjan, y compris les logements des étudiants. Et leur chef, un ancien repris de justice grassement rétribué, avait une très officielle carte d’étudiant, ce qui est bien pratique, convenez.

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